vendredi 16 octobre 2009

L'Histoire..........n'est plus à faire!


                       Spectacle privé en provence.                                          
Eve Druelle chante .
"Cette jeune artiste est diplômée de l'Ecole Supérieure du spectacle.
Elle fut l'assistante de Christian-Alexis Pagès après sa formation
comme le fut aussi Sébastien Agius pendant deux ans.
Ils furent ainsi formés à la pédagogie après avoir été formés aux métiers de la scène et de l'écran."
          Voir: http://afm-animations.blogspot.com

L'école est associée à la production.
Des événements scéniques et des animations donnent à nos artistes l'occasion de rencontrer des publics très variés.
Ces opportunités permettent de monter très vite le niveau professionnel de nos artistes.

 Un artiste vit sa vie, qui en elle-même est déjà une oeuvre, selon son inspiration.
Ne vaudrait-il pas mieux qu'il construise la planification de son devenir en partant de la vision que lui autorise ses espoirs?

Ce que j’ai appris

En enseignant, en dirigeant des artistes et en composant des groupes pour réaliser des œuvres, j’ai appris a voir les corps, et à lire dans les pensées. Il me suffit de voir un être debout devant moi pour sentir comment le remodeler pour rétablir l’équilibre physiologique nécessaire à son harmonie. Mes mains sont prêtes à se poser sur la tension que mon protégé découvre sous mes doigts ou qu’il relie à une douleur plus au mois présente. Je peux très rapidement lui donner les consignes qui l ‘aideront à retrouver une harmonie et à rééquilibrer ses énergies.
L'école "image de Paris", sur le pont des arts.

Les corps me parlent . Je les entends –je ressens leurs énergies, les fluides qui s’en dégagent .Et mon sens de la justesse me donne la direction du travail à faire ou à proposer à celui ou à celle que je vois.

Quand à l’artiste en scène, je le vois penser, hésiter sur un geste qui n’a pas lieu, refuser une impulsion, se laisser piéger par une énergie subite.

En séance de travail, ou en répétition, je lui demande de me dire clairement : « Tu as eu envie de te lever, tu ne l’as pas fait. Au lieu de cela tu as croisé tes bras, tu t’es alors senti mal à l’aise .Ton texte est alors mal sorti, tu as buté sur un mot, car en fait, puisque tu n’as pas suivi ton impulsion, que tu ne t’es pas levé ; tu as alors fossé ton état et cela t‘a frustré, puis énervé, et tu n’as plus contrôlé le débit des mots ».

Et l’acteur acquiesce, car il sait que c’est exactement ce qui s’est passé. Mon expérience, me permet d’être aujourd’hui un horloger dans l’art de voir les autres et de les entendre.

Mais hors de mon contexte professionnel je perds mes « pouvoirs »

J’oublie du moins de m’en servir.

Ils ne m’intéressent que reliés à mon art, ou lorsque j’accompagne une personne sur un projet dans une intention précise.
                       Christian Pagès dans "Page blanche"...
J’ai appris aussi la force des images, que ce soit sur scène ou à l’écran. Je crée la magie avec de l’humain, et aussi avec la scénographie rendue possible par les éléments présents.

Le sens s’est développé avec le temps. J’ai appris la justesse du geste qui fonctionne, de l’endroit où poser un meuble, de l’angle à utiliser pour prendre la lumière ou l’espace ou donner du sens à une direction ou à une intention.
Les tritons
Création issue d'un diplôme et poursuivie en tournée.

J’ai appris enfin à diriger un artiste et à lui donner les bonnes consignes pour qu’il suive le chemin qui lui donnera tous les éclats et toute la force auxquels il peut prétendre. Mon métier m’a tant appris que je me sens petit à côté de ce qu’il peut encore m’apporter et de ce qu’il peut faire de moi. Mon métier est en moi telle une clé magique qui n’en a pas fini d’ouvrir toutes les portes dont le nombre est infini.
 Christian-Alexis Pagès en scène sur 150 m de cordes croisées sur le mur de
 Page blanche, page grise, page bleue en 2007 au point d'orgue.

Et tout cela a tellement pris de place en moi et est devenu si essentiel pour guider mes artistes, que j’ai appris à dépasser le scepticisme, l’obscurantisme et la médisance destructrice et mauvaise.
Mais quels que soient mes pouvoirs, quelles que soient mes compétences, je ne peux lutter contre l'ombre et la misère qui hantent les êtres faits de pensées négatives et qui détruisent leur chemin. Ceux-là apprennent mais restent dans leurs limites austères. Ils deviennent parfois puissants par leurs compétences acquises mais ne voient pas les chemins qui leur sont interdits par le fait d'être enfermés dans l'enclos qui les obsède et les retient.

Jury à l'E.S.S.
                                       En quoi ai-je grandi ?

Mon métier tel que je le pratique, grâce à mon exigence et à la précision de mes objectifs, m’a permis d’ouvrir un monde que je n’imaginais pas. J’ai découvert la complexité de l’être humain et la magie du spectacle. C’est par ces deux facteurs que j’ai pu créer que ce soit de nouvelles personnalités ou bien des œuvres, véritables suites d’instants de magie. J’ai ainsi pu affiner peu à peu, goutte à goutte, millimètre à millimètre, mon art et ma conscience. Je me doute qu’il me reste un long chemin à faire, et que ma vie n’y suffira pas. C’est pourquoi j’écris ce livre afin qu’il reste une trace tangible de ces œuvres éphémères et que d’autres après moi puissent profiter un peu de mon chemin de vie et de ce que mon œuvre aura laissée, et qu’ils puissent continuer la route et l’affiner à leur tour.
  Christian-Alexis Pagès en scène sur 150 m de cordes croisées sur le mur de
Page blanche, page grise, page bleue en 2007 au point d'orgue.


Mon métier m’a permis de donner beaucoup, intensément, immensément et de recevoir beaucoup, énormément. C’est ainsi que j’ai grandi à force de luttes, de combats, de résistances, de persévérance, et de succès, de recommencements et de reconnaissance.

Personnage "Statufié" pour un événement au hilton de Suffren à Paris

 Il a fallu s’imposer dés le départ :« Je veux être danseur. » !
Pas simple. Tant de regards fourbes, de sourires moqueurs, de mauvais esprits, déstabilisateurs. Et puis après : Etre l’artiste, toujours, partout .Répondre aux questions ou entendre les non-dits, les silences évocateurs et mêlés de sous entendus. C’est un jeu subtil et un piège en comportant mille auxquels il ne faut pas se laisser prendre. La « société » des gens « honnêtes » commence par vous déstabiliser, essaie de vous décourager, puis une fois que vous avez pris votre envol, on vous adule, on vous convoitise, tout en vous tenant à distance ou au contraire en vous vampirisant.

Chris Pagès dans "cérémonie noire nuance mauve".

                    CE METIER VOUS TRANSFORME

Il façonne votre esprit, votre regard votre sensibilité, votre corps ,vos gestes , votre fluidité .Vous êtes artiste jusqu’au bout des ongles ,votre vêtement vous trahit ,et vous n’avez plus jamais le même regard que votre entourage sur le monde qui vous entoure , sur un spectacle ,sur un film. L’artiste a tellement développé sa sensibilité qu’il n’est plus apte à se contenter de médiocrité dans les rapports humains , dans les conversations, dans les sujets abordés .Bien sur, je parle de ces artistes qui ont fait un vrai travail de formation et d’éducation personnelle. Il ne s’agit pas de ces personnes qui prennent quelques cours par ci par là et développent doucement une simple technicité ou font quelques rares expériences artistiques et se prennent pour ce qu’il ne sont pas en jouant à « être artistes ». Ce qui est déjà bien en soi mais insuffisant pour se préparer à des métiers et à aborder « la vie d’artiste ». J’ai toujours bousculé les acquis. Ayant fait preuve d’originalité, j’ai rencontré beaucoup de résistance, de suspicion et de réactions négatives l’intention de former par la polyvalence a été très mal perçue, quand dans les années 70 j’ai créé des stages puis une école qui prétendait dans le même temps proposer de la barre au sol ,de la danse , de la danse-Théâtre, de l’improvisation, de la recherche chorégraphique des ateliers vocaux très corporels, un travail théâtral sur texte etc.…
Chris Pagès et la première affiche de l'E.S.S.

J’arrivais ainsi à des résultats époustouflants, mettant sur scène des personnes totalement débutantes en huit jours. Je donnais alors des spectacles originaux et puissants .Le public était subjugué , les stagiaires totalement transformés .Le ministère de la culture ne savait de quel bureau me faire dépendre. Était-ce de la danse, du théâtre, de la musique ?

Je m’y suis entendu dire : « ce n’est pas sérieux. Vous ne ferez pas long feu .
Il vous faut choisir votre art. » Eux-mêmes ont enfin aujourd’hui un bureau de la danse et un autre pour la musique .Et les classes d’aujourd’hui d’improvisation sont fréquents dans les studios de cours. Dans mes ateliers ,je mets la critique positive constructive au premier plan de mon enseignement .Elle est le jalon primordial pour former la créativité d’un individu et lui permettre d’utiliser ses outils selon sa propre sensibilité et son esprit .Le laisser improviser et lui donner l’impression Qu’il est alors simplement créateur est une grave erreur à ne pas commettre.
La créativité et la technique sont liées.
Et la technique naît d'un long chemin d'expériences sensorielles mélées de maturité. Le temps y a sa part et enrichit les acquits.
Elles sont toutes deux le fait d’un chemin à parcourir qui contient l’expérience et ses aléas, le vécu tant sensoriel que cognitif et la conscience de l’efficacité et des échecs. C’est ainsi, en faisant « grandir » ceux qui ont suivi mon enseignement, que j’ai moi- même grandi. Je les ai bousculés, secoués, faits sortir d’eux-mêmes. J’ai secoué l’arbre pour que les fruits tombent.
Les élèves en régie
Ci-dessus Hervé Lewandovski à la console lumières.


Combien m’ont dit : « je suis ici pour le théâtre, je ne veux pas faire de danse »…et sont devenus danseurs. Combien m’ont dit : « Je veux faire uniquement de la danse », et sont devenus chanteurs, ou acteurs. Et ce fait s’est reproduit durant des années. Beaucoup se sont ouverts à eux-mêmes et à leur potentiel et ont trouvé leur voie en eux-même en ayant accepté simplement de travailler sur ce qu’ils sont, simplement..

J’ai revu plus tard des artistes qui avaient refusé un cours, ou une discipline puis, m’ayant quitté, ont pris cet art au premier plan de leur activité.

C’est que je donnais plus qu’il ne m’était demandé.
Les étudiants de l'E.S.S. enrégistrent en studio la comédie musicale
"Rocky Horror Show" qu'ils donnent sur scène sous la direction de Christian Pagès

Je n’ai jamais voulu fonctionner selon la demande. Ma proposition est là. Ceux qui veulent en profiter découvrent un monde, s’y engouffrent et en sont les premiers gagnants. Les sceptiques restent à l’écart et n’ont jamais su ce qu’ils ont perdu. Mon exigence à toujours été entière. Quelle que soit la motivation et l’intention de la personne qui se confie à moi, je donne tout, et j’exige tout, tout de suite, sans compromission.
Il y eut, bien que très rarement, des réactions violentes en général crées pas des craintes de mal faire ou de ne pas arriver au résultat escompté. Certaines restent dans les annales tant elles sont cocasses. Je me souviens du père d’une jeune fille qui m’a envoyé une lettre très menaçante, en recommandé, parce que j’avais eu l’audace de dire à sa fille à plusieurs reprise, en classe de barre au sol de tendre les genoux et de travailler son « en dehors ».Ce monsieur me disait que sa fille avait toujours eu les genoux tendus depuis sa naissance, et que son « en dehors » ne me regardait pas. Il me trouvait très méchant avec cette jeune fille et, parait-il, j’étais selon celle- ci, aussi méchant avec les autres élèves. J’ai donc convié ce monsieur à assister à un cours de barre au sol afin qu’il se rende compte du travail. Le Monsieur vint, s’assit pendant une heure et demie, prit des notes pour développer son argumentation et lorsqu’à la fin du cours, j’allais, jovial, vers lui persuadé qu’il avait mieux compris de quoi il retourne, je lui demandais : « Alors, qu’en pensez –vous ?

Il me rétorqua : « Je constate que ma fille avait raison. J’ai noté que vous passez votre cours à critiquer vos élèves ». Fin de l’épisode.
   Comprend qui veut... ou qui peut.
  Il est vrai qu'en dehors d'un champs de compétence, chacun d'entre nous est bien démuni. Mais trop souvent l'amour démesuré et surprotecteur des proches aveugle et fait barrage à l'humilité.
The Rocky Horror Show sur scène
Monica Lidke ci-dessus

Un jour, un de nos étudiants, que je faisais beaucoup travailler, en qui j’avais de grands espoirs et qui s’était totalement transformé dans l’école, me demanda un rendez-vous privé. Il m’expliqua que j’étais particulièrement sévère avec lui en barre au sol et que je n’étais jamais satisfait de ses résultats malgré ses efforts, il me dit que la barre au sol n’avait à son sens aucun intérêt et qu’il voulait devenir danseur. (Il était rentré à l’école débutant et était à mon sens déjà devenu danseur). Sur ce, il quitta l’école. Je le retrouvais quelques années plus tard. Il s’était fait un petit nom dans la musique techno, avait abandonné la danse. Et il me dit alors que ce qui lui manquait le plus était la barre au sol Allelouhiat !
    Il était une fois......
   à suivre..........
                          Le maquillage